La jeune journaliste Audrey Grimaud est dépêchée sur une affaire d'incendie criminel
au hameau, dans une campagne austère déjà bouleversée depuis une douzaine d'années par une série de meurtres commis pas un mystérieux tueur surnommé l'Empailleur.
Le passé d'Audrey est étroitement lié à ce lieu où, petite, elle venait passer ses vacances chez ses grands-parents, membres d'une communauté de "Purs"
vivant à l'écart du monde moderne selon des principes sectaires, et où elle a découvert de lourds secrets bien enfouis.
L’incendie criminel qui fait sept victimes parmi les Purs est-il lié aux meurtres en série ? Tous ces évènements ont-ils un rapport avec l'histoire
nébuleuse du hameau ?
La vérité ne se trouve pas toujours là où on le pense...
Je suis très agréablement surprise par ce livre : le résumé me tentait beaucoup mais je ne voyais pas trop où toute cette histoire pouvait nous emmener... Pour le coup, elle nous entraine
vraiment très loin, très très loin même.
La réponse finale, on ne l'a qu'à la toute fin. Cela dit, commencer par le dernier chapitre (comme l'a fait mon père) n'aide pas plus : l'intrigue est plus que compliquée mais ce
n'est pas pour autant que la lecture en est désagréable, au contraire !
Bien que j'ai su deviner le meurtrier assez rapidement - je ne suis pas mauvaise à ce jeu - l'histoire ne s'arrête pas là. Elle est totalement tordue, inconcevable mais pourtant je n'ai
jamais douté un seul instant qu'elle puisse être vraie. J'aime bien le fait qu'à chaque instant, toute l'histoire est succeptible de s'écrouler pour nous dévoiler une nouvelle vérité...
Le personnage d'Audrey est vraiment très attachant. On la découvre enfant, puis jeune femme... Je ne dirais pas que je me suis identifiée à elle, mais je crois qu'elle a des valeurs communes
à pas mal de monde. Elle est différente de nous, par sa personalité et son histoire, mais elle reste assez proche de ce que nous sommes.
J'aime beaucoup sa curiosité et sa façon de foncer au devant au lieu de faire demi-tour : elle va toujours de l'avant. Bon dans les thrillers, c'est toujours la qualité principale des
personnages, mais cela dit, si ce n'était pas le cas on s'ennuierait... Bref, j'aime.
J'ai apprécié la façon qu'à Sonia Delzongle de nous raconter cette histoire : avec simplicité et naturel. J'aime le fait que les petits défauts dans l'écriture deviennent un
atout à l'histoire, en plus du charme qu'ils donnent à l'histoire ils nous donnent une impression de vérité. Après tout, les livres, c'est fait pour nous faire croire à des choses
irréellement, non ?
Le Hameau des Purs est un livre très sympathique à découvrir !
Merci à Sonia Delzongle et aux éditions Cogito de m'avoir permis de découvrir cette histoire très prenante !
13 août 2011
Le Hameau des Purs
Sonia Delzongle
380 pages
Editions Cogito (février 2011)
Quatrième de couverture
Un thriller captivant qui emmène le
lecteur sur les traces d'un tueur sanguinaire aux desseins implacables.
Audrey se souvenait précisement de l'année de la découverte du premier corps. Ou de ce qu'il en restait. Seulement la peau dans les taillis, dans la forêt. Une
mue rose et sanglante. Le contenu, la chair, les organes, les os, tout avait disparu.
En quelques jours, une sorte de méfiance sourde s'était emparée du village pour s'étendre rapidement à toute la région.
Au début, l'Empailleur ne laissait que les peaux, vides et platies. Puis il s'étit mis à les bourrer de terre, de mousse ou de pierres, il les remplissait comme
des outres et les cousait. Tuait hommes et femmes, sans distinction de sexe, ni d'âge. Seuls les enfants étaient épargnés.
Sonia Delzongle, diplômée des beaux-arts de Dijon, est journaliste. Née à Troyes d'un père français et d'une mère yougoslave, c'est aujourd'hui à Lyon qu'elle
vit de sa passion pour l'écriture. Après La journée d'un sniper et A titre posthume, Le Hameau des Purs est son troisième roman édité.
Mon avis
MERCI à l'écrivain, Sonia DELZONGLE
qui m'a gentiment offert son livre
et aux Editions Cogito pour l'envoi !
Le rabat de la couverture précise : "Le Hameau des Purs" est un thriller inquiétant qui malmène le lecteur de bout en bout et le tient en haleine
jusqu'à la toute dernière ligne. Ames sensibles, s'abstenir !
Vrai !
Estomaquée !!!
Une claque ! Jamais je n'aurais pu deviné... Le suspense est vraiment haletant, on lit, on dévore les pages pour savoir. Et une fois qu'on referme le livre, on
comprend mieux certains passages.
Thriller en trois parties : la petite Audrey qui va passer ses vacances dans ce hameau, Audrey qui enquête sur un incendie survenu des années plus tard et une
troisième partie... captivante (je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer la fin, des plus surprenantes !). Ca commence doucement, une fillette en vacances dans une secte type Amish et cela
se termine... en apothéose !
Je me suis jetée à corps perdu dans cette histoire que je "visualisais" sur le plateau de l'Aubrac ou par là-bas (je suis passée cet été par là-bas) car y
souffle la Burle, un vent glacial du sud-est du Massif Central et, comme je l'avais écrit dans un de mes commentaires, "les Purs" sont pour moi les Cathares (pas les habitants de la région
mais le mouvement chrétien médiéval (tiens, tiens, cela faisait longtemps, n'est-ce pas ?) du grec katharos, pur, voir par exemple wikipedia) et j'ai été emporté par l'histoire ! J'ai essayé d'en devenirla fin (par exemple, pourquoi
cet enfant s'appelle Léman, comme le lac ?) (appelé Lac de Genève par les Genevois et Lac Léman par les autes Suisses !).
Un style d'écriture maîtrisé, qui va croissant, des "indices" tout au long, qu'on ne comprendra qu'une fois fermée la dernière page, un suspense... à perdre
haleine (enfin, plutôt le sommeil) bref, une auteur inconnue qui devrait pas le rester !
A découvrir !!!!!!
Un coup de coeur !
Enthousiastes aussi, la Petite Souris de Passion Polar et Oncle Paul de Mystère
Jazz, ils ont interviewé l'auteur ici et là (même entrevue, photos d'illustration différentes), comme Catherine , (billet et entrevue) bluffées aussi
Sophie
et TotalyBrune, comme
Pierre de BLack
Novel.
Le blog de Sonia Delzongle la peintre ici (une mise à jour prochaine ?) et celui de Sonia Delzongle l'écrivain là (où vous trouverez les titres de ses précédents ouvrages, dont l'un semble
épuisé...).
Ma citation de jeudi dernier ici.
Merci à Sonia Delzongle pour cette lecture !
CHRONIQUE N°15 par JEAN-PAUL CECCALDI DU BLOG L'ÎLE NOIRE
Le Hameau des Purs de Sonia Delzongle (12/08/11)
Le Hameau des Purs est un lieu de pierres grises au sud-est du Massif central où la burle, vent glacial,
s’engouffre. L’hiver venu, les murs se referment sur ses habitants dans ce coin rude de la région du Vivarais-Lignon. La plupart du temps les polars se déroulent en ville.
Associée à la violence et la nuit, elle est souvent héroïne éponyme des romans policiers. Elle n’est pas l’univers du roman écrit par Sonia
Delzongle. Son héros n’arpente pas son labyrinthe. Son roman n’est pas urbain. C’est la nature qui y façonne les êtres.
Audrey Grimaud est une jeune journaliste envoyée dans le village de feu ses grands-parents pour
faire un reportage sur des maisons incendiées . Adulte, notre héroïne et narratrice y rencontre Frank Tiberge, le flic et, avec lui, va mener son enquête. Elle y reçoit
ensuite le renfort de Mathieu Bilic, collègue journaliste. Enfant, elle y passait ses vacances : c'était « un monde où l'on vivait sans électricité ni luxe ou mots
superflus. » Dans cette communauté sectaire et repliée sur elle-même, à l’écart du monde et du temps, sévissait l’empailleur, un tueur en série qui jouait le taxidermiste avec les
cadavres de ses victimes. Son ombre plane toujours sur ce canton peuplé de gens arriérés et rustres.
La narratrice nous relate d’abord son enfance comme si elle était allongée sur le divan d’un psychiatre.
Dans la première partie du roman, Audrey raconte ses souvenirs, son père qui avait épousé une étrangère et qui, pour cela, a été exclu du clan tribal. L’héritage d’exclusion et de haine
qu’elle en a reçu. Pour rester partie intégrante de cette nature (omniprésente dans le roman), les Purs y ont fondé une communauté anabaptiste sur le mode de vie des Amish implantés surtout aux USA et dont la première règle amish est :
« Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ». C’est dans ce microcosme rabougri et paranoïaque que l’héroïne et narratrice passait des vacances. L’atmosphère y
était pesante avec une histoire d’enfants juifs cachés pendant la dernière guerre. De naissance, Audrey est restée l’intruse, l’impure comme d’autres sont traitées de sorcières ou réputés
maléfiques. Sa présence, même de courte durée, était mal tolérée par les plus radicaux dont le médecin du hameau. On découvre surtout son ami orphelin, Léman alias « Le Gars »,
vivant en marge des Purs, avec sa grand-mère surnommée « La crochue » et un corbeau. Il était (pour elle) le bois, la terre, le feu, l’air chargé d’humus, le lac (Léman),
les résineux, leur odeur forte, les chemins, les pierres. Le vent glacé. Et l’auteure d’ajouter dans un pitch : « La relation trouble de Léman, autre personnage marginal
et solitaire, et d’Audrey, l’héroïne du roman, est l’un des pivots de l’histoire. Le lac, profond et froid, élément important du décor, est une métaphore de l’âme noire de Léman ».
Dans ce passé qui resurgit à l’occasion de ce reportage, les personnages se mettent en place en remontant à l’enfance d’Audrey que les morts dévorent de l’intérieur : le Papé, le très
vieil Hyppolite et tous les autres, vivants ou défunts comme les parents de Léman. Ce passé renvoie à ce que Camus aurait appelé les « divins secrets », ceux qui, hérités des
arcanes de la nature, échappent aux sciences. A douze ans, Audrey a ses premières visions extrasensorielles. Pourquoi les gens du passé, les absents, les morts venaient-ils la
trouver ? Que pouvaient-ils avoir à lui dire ? A son insu, elle pense porter un message. A quoi nous préparent ses crises médiumniques?
Ce thriller est un huis-clos. Bien sûr il ne s’agit pas d’un assassinat dans une pièce fermée comme l’ont
imaginé d’autres auteurs célèbres mais les meurtres en série sont commis dans l’enfermement psychologique d’un monde clos: un hameau, une communauté sectaire, les non-dits, les médisances,
les souvenirs d’Audrey et sa schizophrénie.
Je ne vais pas faire ici le panégyrique de chaque personnage et surtout pas celui d’Audrey en dehors de
ses rapports ambigus avec la gente masculine sur laquelle elle a une vision parfois féministe et sans doute réaliste. Je vous laisse découvrir les tréfonds de son âme tourmentée.
L’originalité de ce roman est aussi dans sa deuxième partie qui vient en rupture avec la première : une cassure voulue par l’auteure qui aime surprendre le lecteur et « le
violer » dit-elle dans un entretien. L’entame est le prétexte à un retour sur l’enfance. Le tueur en série est tout juste évoqué. On sent qu’il est pourtant présent et qu’il doit s’agir
d’un habitant du coin mais qui? A la suite d’une partie de pèche et d’un orage, la narratrice secoue brutalement les neurones du lecteur plongé dans ses pensées. Elle joue alors avec ses
nerfs avant de revenir au présent et là, s’agit-il vraiment du présent? Elle n’est pas installée dans le divan d’un psychiatre mais dans son lit d’hôtel qu’elle partage avec le flic Frank
Tiberge… Le reste est une succession de coups de théâtre qui préparent peut-être votre mystification. Je ne révèlerai rien de plus si ce n’est que l’auteure vous attend au tournant. Je vous
laisse donc le soin d’ouvrir cette boîte de Pandore (laissant filer dans la nature ses mystères, ses secrets… dit un personnage du roman). Vous y trouverez ce que vous cherchez dans
la littérature noire et policière: comme dans le mythe, elle contient tous les maux de l'humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Misère, le Vice, la Tromperie, la
Passion, la Folie...Ainsi, sera comblée votre Espérance du nec plus ultra en matière de genre romanesque et de suspens pour lecteurs nécromanciens… en sachant que l’espérance est la
plus folle de nos folies, surtout dans la littérature noire.
Comme un roman s’écrit à deux, la romancière fait entrer le lecteur dans son musée imaginaire mais c’est
pour mieux le surprendre. Elle met des mots sur des émotions et les mots les rendent bien. Elle construit une histoire imaginée aussi comme un jeu intellectuel et montre son ambition d’en
rester le ludi magister. Sans doute le lecteur habitué à des récits linéaires et aux fins heureuses sera-t-il un peu agacé par le nombre de revirements puis déçu par l’épilogue qui le
retourne encore comme une crêpe. Toutefois le fil de l’intrigue ne casse pas parce qu’elle dénoue quelques faux nœuds de magicien. Même celui qui n’aime pas être ballotté aura lu
l’ouvrage avec , au bout, le souvenir d’images fortes et de personnages très réussis. Cela n’est pas le cas après la lecture de certains romans dont le fil d’Ariane est trop gros, les
personnages inconsistants, l’histoire banale et la fin rapidement imaginée. « Le trop estropie» dit un proverbe corse (U troppu stroppia) mais pas forcément dans un thriller. La
fiction y offre la liberté de dépasser la réalité et nous ne reprocherons pas à Sonia Delzongle la complexité de la dernière partie du récit. Le trop n’est pas toujours de trop. On n’a jamais
reproché à des noms célèbres de la littérature noire et policière cette complexité littéraire et ludique qui change des récits linéaires. Si le trop est l’ennemi du bien, il est l’ami du mal,
sujet central d’un thriller. L’intrigue peut être complexe lorsque le roman est bien écrit à condition que l’auteur ne se mélange pas les crayons et ce qui n’est pas le cas. Par contre
Sonia Delzongle mélange les couleurs. Artiste-peintre et plasticienne, elle utilise aussi des pinceaux. Elle sait donc « manier la perspective et utiliser les proportions
au mieux ».
Née à Troyes, Sonia Delzongle vit à Lyon depuis 10 ans. Elle a des origines dans le Sud de la
Serbie. Après des études de Langues et Lettres modernes, elle est sortie diplômée des Beaux-Arts de Dijon (quelques-unes de ses œuvres sont visibles sur Sonia Blog'Art). Elle est journaliste free lance
et romancière. Ses précédents romans sont La journée d'un sniper (2007) et À titre posthume (2009).
THRILLER.
de Sonia Delzongle - Editions Cogito - 2011 - 380 pages.
La jeune journaliste Audrey Grimaud est dépêchée sur une affaire d'incendie criminel au hameau, dans une campagne austère déjà bouleversée par
une série de meurtres commis par un mystérieux tueur surnommé l'Empailleur.
Le passé d'Audrey est étroitement lié à ce lieu où, petite, elle venait passer ses vacances chez ses grands-parents, membres d'une communauté de "Purs" vivant à l'écart du monde moderne selon
des principes sectaires, et où elle a découvert de lourds secrets bien enfouis.
L'incendie criminel qui fait sept victimes parmi les Purs est-il lié aux meurtres en série ? Tous ces événements ont-ils un rapport avec l'histoire nébuleuse du hameau ?
Sonia Delzongle utilise dans la première partie de son roman, les structures les plus classiques du "roman régionaliste" pour montrer la noirceur d'un monde
dominé par l'ignorance et l'hypocrisie : très pessimiste et profondément misanthrope.
A travers le regard de sa jeune héroïne Audrey Grimaud, c'est tout un monde que raconte l'auteur : le labeur quotidien, le rythme des saisons,
les tensions sociales. Elle se sert d'un sujet typiquement policier (le serial killer) pour faire le procès de toute communauté humaine.
Cette épopée sur la ruralité forme un tout, que traversent les maux de l'isolement, de la fêlure, et de la fuite. Elle s'intéresse au "petites gens" à travers des thèmes aussi forts que : la
schizophrénie, le dédoublement de personnalité, ou encore la cosanguinité.
Pour autant, si j'ai plutôt apprécié la lecture du "Hameau des Purs" aux 2/3, en revanche je n'ai pas été convaincu par la
troisième partie du livre intitulée : "Le lac". Déstabilisé par l'apparition soudaine des rebondissements de dernière minute, la multiplication des identités m'a fait apparaître l'ultime
cavale de l'Empailleur peu crédible. Entre Audrey, l'Empailleur et l'infirmière, le lecteur s'y perd un peu, ne sachant plus très bien qui arrive le
premier au lac ...
Cette précipitation à dérouler le fil de l'histoire dans les dernières pages, m'a beaucoup dérouté, je m'attendais à une fin plus
classique et surtout beaucoup plus réaliste, en harmonie avec les deux premières parties du livre. Malheureusement l'épilogue n'a pas su répondre à la plupart de mes interrogations, l'action
avec l'addition de scènes souvent risibles, prenant trop souvent le pas sur les explications. Dommage! car je suis resté sur ma faim, sans comprendre les
raisons d'une telle conclusion. Frustrant et embêtant pour un thriller!
Je remercie Sonia Delzongle de m'avoir répondu. Je profite de l'occasion pour saluer sa sportivité, son intelligence et sa capacité à accepter toutes les
critiques. Longue carrière à vous, chère Sonia !